mercredi 13 mai 2009

Maïmonide à propos de la méditation isolée

De Rabbi Aryeh Kaplan. Publié (en anglais) sous le titre “Meditation and the Bible” (Éditions Samuel Weiser or Jason Aronson), p. 22; traduction de Rabbi Moché Maïmonide (Rambam) (1135-1204), Michné Tora, Yessodé HaTora 7:1.

Maïmonide à propos de la méditation isolée

Une personne qui possède toutes les aptitudes nécessaires peut étudier en profondeur les mystères (Pardès). Elle peut avancer dans ces concepts profonds et en obtenir une compréhension et une perception solides.

En même temps, elle doit également se sanctifier et se séparer de la façon de faire des masses qui tâtonnent dans l'obscurité des temps. Elle doit atteindre une assiduité constante dans son refus de même simplement penser à tout ce qui n'est pas essentiel ou réfléchir à propos des vanités et des fourberies actuelles.

Une telle personne doit travailler sur elle-même jusqu'au point où son esprit devienne constamment clair et dirigé vers le Ciel. Elle doit lier son intellect au Trône de Gloire et aspirer à comprendre la pureté et la sainteté de l'éminent. De plus, elle doit réfléchir à propos de la sagesse de D-ieu en chaque chose. Elle doit également comprendre sa véritable signification, qu'il s'agisse de l'entité spirituelle la plus élevée ou de la chose la plus basse sur terre.

L'individu qui parvient à cela, mérite immédiatement de recevoir le Roua'h HaQodech (l'“Esprit saint”). Lorsqu'il a atteint cet esprit, son âme devient liée au niveau des anges… et elle devient entièrement une différente personne. Cet individu peut maintenant comprendre les choses avec un savoir complètement différent de ce qu'il connaissait auparavant. Le niveau qu'il a atteint est de loin plus élevé que celui des autres individus qui peuvent simplement utiliser leur intellect.

Ceci est la signification de ce que [le prophète Samuel dit au] Roi Saül : “Alors l'Esprit divin s'emparera de toi et tu prophétiseras avec eux et tu deviendras un autre homme” (Samuel I, 10:6).

dimanche 26 avril 2009

Rabbi Jonathan ben Uziel

De Rabbi Aryeh Kaplan. Publié (en anglais) sous le titre “Meditation and the Kabbalah” (Éditions Jason Aronson ou Samuel Weiser), p. 22.
a
Rabbi Jonathan ben Uziel
a
Talmud : Souka 28a ; Bava Batra 134a.
a
Hillel avait quatre-vingt disciples.... Le plus grand d'entre eux était Rabbi Jonathan ben Uziel, tandis que le moindre d'entre eux était Rabbi Yochanan ben Zakkai.

On dit de Rabbi Yochanan ben Zakkai qu'il ignorait absolument rien. [Il connaissait] la Michna, le Talmud, la loi, le sens caché, l'analyse grammaticale de la Tora, l'analyse des Scribes, l'inférence logique, les formulations identiques, les estimations de l'astronomie, les guématrioth (la numérologie), les incantations pour les anges, pour les démons, les incantations destinées aux palmiers, les allégories utilisées par les femmes qui lavaient le linge, celles des renards, la “Grande Chose” et la “Petite Chose.”

La “Grande Chose” est le fonctionnement du Merkava [i.e. la sensation mystique], tandis que la “Petite Chose” sont les discours [de loi talmudique] de Abaya et Rava....
a
Dans la mesure où cela était vrai pour le moindre de tous, cela est encore plus certain pour le plus grand d'entre eux. On dit que lorsque Rabbi Jonathan ben Uziel était assis et qu'il étudiait la Tora, chaque oiseau qui volait au-dessus de sa tête était immédiatement brûlé.

Solitude et attachement à D-ieu

De Rabbi Na'hman Goldstein, Rav de Tcherin et disciple principal de Rabbi Nathan de Breslev. Publié (en anglais) sous le titre “The Tree that Stands Beyond Space: Rebbe Nachman of Breslov on the Mystical Experience” par le Rav David Sears (Institut Breslov de Recherche), p. 83. (Les notes de bas de page ont été omises.)
a
Solitude et attachement à D-ieu
a
La perfection d'hitbodédouth consiste à atteindre dvéqouth, c'est-à-dire s'attacher à D-ieu jusqu'à devenir complètement englobé-e au sein de l'Unicité divine.

Le mot “hitbodédouth” provient du mot “badad” qui signifie “solitude-retraite” ou “unicité”. Il est écrit (Exode 30:34) : “Ils doivent être de poids égal [bad vébad]” (consulter Rachi à propos de ce verset). Cela signifie : vous devez faire “un avec D-ieu”, jusqu'au point où votre conscience sensorielle cesse et la seule réalité que vous percevez soit la Sainteté. Ceci est le sens mystique du verset “l'Éternel seul est D-ieu ; il n'en est point d'autre” (Deutéronome 4:35).

C'est également la raison pour laquelle la Tora appelle Israël “un peuple qui vit solitaire [badad]” (Nombres 23:9). Le destin de chaque personne juive est d'atteindre l'unification complète avec D-ieu, sans aucun intermédiaire (Zimrath HaAretz I, 52).

vendredi 27 mars 2009

Le chemin mystique

De Rabbi Kaplan. Extrait traduit de l'anglais du livre “Meditation and the Bible” (Éditions Samuel Weiser ou Jason Aronson), pp. 94-96 ; extrait de “Les Portes de la Sainteté” (“Cha'aré Qédoucha”) de Rabbi 'Haïm Vital, Introduction de l'auteur. Les notes de bas de page ont été omises ou insérées dans le texte.)

Le chemin mystique

“J'ai vu des hommes d'élévation, mais ils sont un petit nombre” (Talmud, Souka 45b). Certains individus désirent ardemment monter, mais l'échelle leur est ôtée de la vue. Ils étudient les anciens livres en y cherchant le chemin de la vie, la façon dont ils doivent avancer, ainsi que les actions qu'ils doivent faire, afin d'élever leur âme à leur Racine la plus haute, de se lier à D-ieu. C'est uniquement cela qui est la perfection éternelle.

Cela était la méthode des prophètes. Tous les jours, ils se liaient à leur Créateur. Cet attachement leur permit de recevoir le Roua'h HaQodech (l'Inspiration divine) qui leur enseignait le chemin qui menait à la Lumière. Par la suite, cela ouvrait leurs yeux aux mystères de la Tora. C'est le sujet de la prière du Roi Davida: “Dessille-moi les yeux, pour que je puisse contempler les merveilles issues de Ta Loi” (Psaumes 119:18). Ils étaient menés le long d'un chemin droit, préparé par les “hommes d'élévation”, afin qu'ils puissent atteindre leur but.

Après les prophètes, vinrent les premiers Saints ('Hassadim Richonim ; consulter le Talmud Berakhoth 30b et alia) qui étaient également appelés les “Pharisiens” (en hébreu : “les personnes isolées") (Talmud 'Hagigua 18b et alia). Ils cherchaient à suivre la voie des prophètes et à s'inspirer de leurs méthodes.

Ces personnes se rendaient dans des grottes et des déserts rocailleux, isolés des affaires du monde. Certains s'isoler dans leurs maisons, atteignant un degré d'isolation identique à ceux qui allaient dans les déserts.

Jour et nuit, ils louaient sans cesse leur Créateur, répétant des mots de Tora et en chantant les Psaumes, ce qui réjouie le cœur. Ils pratiquaient cela – jusqu'au à ce que leur esprit soit fortement lié aux Lumières célestes – avec un désir puissant. Tous les jours, ils agissaient de la sorte. C'est leur constance qui leur permit d'atteindre le niveau de Roua'h HaQodech, “prophétisant, sans s'arrêter” (Nombres 11:25).

Même si ces individus se situaient à un niveau nettement inférieur par rapport à celui des prophètes, nous sommes encore ignorants de leur façon de faire et de leurs méthodes. Nous ne savons pas comment ces hommes saints servaient D-ieu, ce qui nous permettrait de suivre leurs pas.

Dans les générations subséquentes, le cœur des personnes devint plus petit et la compréhension fut réduite. Les Maîtres du Roua'h HaQodech rejoignirent le repos éternel et cessèrent d'exister parmi nous. Ils nous laissèrent dépourvus, sur notre faim et assoiffés… jusqu'à ce que le désespoir naisse dans le cœur des hommes. Partant, tous cessèrent de chercher cette merveilleuse discipline.

Tout ce qui resta fut “deux ou trois baies au sommet de l'arbre” (Isaïe 17:6), “un par ville, deux par famille” (Jérémie 3:14). “Les malheureux réclament de l'eau et n'en trouvent pas” (Isaïe 41:17), “car la vision du prophète a été fermée” (Daniel 9:24). Tout cela arriva car il n'y avait pas de livres qui enseignaient la méthode pour s'approcher du sanctuaire le plus profond.

Certains individus s'attachèrent à des anges par des serments, en utilisant des Noms divins. Ils aspiraient à la lumière, mais ils trouvèrent l'obscurité. Les anges avec lesquels ils communiquaient étaient des anges d'un niveau très bas – contrôleurs du monde physique – qui associaient le bon et le mauvais. Ces anges eux-mêmes ne pouvaient pas percevoir la Vérité et les Lumières Sublimes.

Par conséquent, ce qu'ils révélèrent furent des concepts mixtes – un mélange de bon et de mauvais, de vérité et de fausseté – en plus d'idées inutiles qui concernaient la médecine, l'alchimie et l'usage d'amulettes et autres incantations (consulter le Sefer 'Hassidim 205, 206).

“Eux aussi furent troublés par le vin, égarés par la boisson” (Isaïe 28:7). Plutôt, ils auraient dû passer leur temps à étudier la Tora et ses commandements. Ils auraient dû apprendre une leçon des quatre géants spirituels qui étaient entrés dans les Mystères (Pardes) : aucun n'en réchappa, à l'exception de l'ancien Sage, Rabbi 'Aqivaa(Talmud 'Haguiga 14b). Les anges voulurent même le frapper, mais D-ieu l'aida et “il entra en paix et sortit en paix” (ibid. 15b).

Ces individus cherchaient à atteindre des niveaux très élevés – proches de la véritable prophétie – et c'est pour cela qu'ils furent blessés. Cependant de nos jours, même nous pouvons mériter d'atteindre les niveaux inférieurs de Roua'h HaQodech. Ceci peut se faire à travers la révélation d'Elijah que de nombreuses personnes ont méritée, comme nous le savons bien. Cela peut également consister en la révélation des âmes des Saints (Tsadiqim), qui est mentionnée à plusieurs reprises dans le Zohar. Même de nos jours, j'ai vu des hommes saints atteindre ce niveau.

Il existe aussi les cas où l'âme d'une personne devient fortement purifiée et se révèle à cette personne, ce qui l'amène très loin. Tout cela représente les différentes façons d'approcher D-ieu et elles peuvent être atteintes, même de nos jours, par les individus qui le méritent. Cependant, ceci exige beaucoup de discipline et [d'éviter] de nombreuses tentations avant de pouvoir parvenir à la Vérité. Si la personne n'est pas suffisamment préparée, un autre esprit – malpropre – peut éventuellement entrer en elle.

Par conséquent, j'ai entrepris d'écrire un livre dans lequel j'expliquerai ces mystères… tels que je les ai appris des lèvres du saint Rabbi Yit'shaq Luria (le Arizal). Dans la mesure où ceci implique les plus profonds et les plus cachés des secrets, pour chaque mesure que je dévoilerai, j'en cacherai beaucoup plus. Avec une grande difficulté, j'ouvrirai les portes de la sainteté, en créant une ouverture équivalente au chat d'une aiguille. Je laisserai la personne qui le mérite passer à travers lui et entrer dans la chambre le plus secrète.

D-ieu est bon et Il ne refusera pas cet avantage aux personnes qui empruntent le chemin de l'intégrité.

jeudi 26 mars 2009

Retraite spirituelle dans les montagnes

Extrait traduit de l'Institut Azamra, avec la permission de l'auteur.
a
Retraite spirituelle dans les montagnes
a
Par Rabbi Avraham Greenbaum
a
Le concept de retraite spirituelle dans les montagnes a sa place dans le judaïsme, depuis les temps bibliques et jusqu'à nos jours.

Immédiatement avant la libération d'Égypte, Moïse – qui se préparait à tenir son rôle de leader – remis à l'ordre du jour la pratique ancestrale d'Avraham et alla dans la montagne :

“Or, Moïse faisait paître les brebis de Jéthro son beau-père, prêtre de Madian. Il avait conduit le bétail au fond du désert et était parvenu à la Montagne divine, au mont Horeb” (Exode 3:1).

L'Égypte était le paradigme sans précédent de la civilisation dégénérée des villes ; ce pays était le véritable centre de tous les types de vices et d'idolâtrie. Les esclaves juifs furent obligés de construire des villes d'approvisionnement pour Pharaon (Exode 1:11). L'environnement urbain ultra sophistiqué de l'Égypte était tellement encombré d'images idolâtres et éloigné d'une prise de conscience de HaVaYaH, qu'il était même impossible d'y prier ! Lorsque Pharaon supplia Moché de prier pour la fin de la plaie de la grêle, “Moïse lui répondit : 'Au Moment où je quitterai la ville, j'étendrai mes mains vers HaVaYah'” (ibid. 9:29).

Se libérer de Pharaon signifiait quitter le monde brillant des hommes de la ville pour la formidable grandeur naturelle du désert. L'ensemble du peuple juif se rassembla ; les juifs abandonnèrent leurs maisons en Égypte et allèrent camper dans le désert. Les juifs se retrouvaient soudainement au beau milieu de la nature, au pied d'une montagne : l'humble et modeste Mont Sinaï. Ce fut aux côtés de cette montagne – lorsqu'ils furent les témoins collectifs de l'auto révélation de D-ieu au monde – que les enfants d'Israël vécurent l'expérience spirituelle la plus grande de toute l'histoire de l'humanité.

Ce fut au Mont Sinaï qu'ils reçurent les lois de la Tora ; ce sont ces lois qui allaient devenir la lumière qui les dirigerait à construire un nouveau style de vie en Terre d'Israël, sur des fondations entièrement différentes de celles de la civilisation à la mode égyptienne. Quarante années plus tard – lorsqu'ils entrèrent pour la première fois en Terre sainte, sous le commandement de Josué – la nation entière vécut une nouvelle cérémonie solennelle de dédicace de la Tora, à l'ombre de deux montagnes : l'Hébal et le Garizim (Deutéronome 27 ; Josué 8:30-39).

À compter du jour où Josué franchit le Jourdain, les montagnes et les déserts de la Terre d'Israël devinrent les lieux préférés de retraite pour les chercheurs spirituels. La fille de Jephté (qui était supposée être offerte comme sacrifice à cause du vœu irréfléchi de son père, avant qu'il vainque les Ammonites) alla sur les montagnes “pleurer sa virginité” (Juges 11:38). Ce fut dans les montagnes et le désert que le jeune David – qui fuyait le Roi Saül – trouva refuge (Samuel I, 19:26).

Grâce aux dévotions intenses de David dans cet environnement naturel exceptionnel, naquirent un nombre important des prières sublimes du livre des Psaumes. De fait, les Téhilim incluent de nombreux passages de louanges faites à D-ieu à propos des merveilles de la nature.

Les montagnes et les déserts furent le choix de ceux et de celles qui cherchaient à s'échapper de la corruption qui s'était développée à l'époque des derniers rois d'Israël. Cherchant à se sauver de la persécution du Roi idolâtre Ahab et de sa femme Jezebel, le prophète Élijah erra dans le désert, jusqu'au moment où il retourna au Mont Sinaï. À cet endroit, D-ieu lui parla :

“La voix reprit : 'Sors, et tiens-toi sur la montagne pour attendre HaVaYaH !' Et de fait, le HaVaYaH se manifesta. Devant lui un vent intense et violent, entrouvrant les monts et brisant les rochers, mais dans ce vent n'était point le Seigneur. Après le vent, une forte secousse ; HaVaYaH n'y était pas encore. Après la secousse, un feu ; le HaVaYaH n'était point dans le feu. Puis, après le feu, un doux et subtil murmure…” (Rois I, 19:11-12)
a
Ce fut sa vision prophétique au Mont Sinaï qui permit à Élijah de vivre le couronnement de sa carrière lorsqu'il défia – avec succès – les prophètes de Ba'al et entraîna le repentir massif des juifs. Ceci se déroula, une fois de plus, au pied d'une montagne : le Mont Carmel (Rois I, 18).

Les montagnes furent également le cadre d'un des actes de repentir les plus connus, raconté dans le Talmud :

On disait de Eliezer ben Durdaya qu'il n'existait pas de prostituées dans le monde à qui il n'avait pas rendu visite. Un jour, il entendu parler d'une certaine prostituée qui habitait dans une ville lointaine et qui demandait une bourse remplie de pièces en or pour le prix de ses services. Il prit une bourse avec lui et traversa sept rivières pour aller la voir. Tandis qu'ils étaient ensemble, elle eut des gaz intestinaux. Elle remarqua : “De la même façon que ces gaz ne retourneront jamais d'où ils viennent, Eliezer ben Durdaya ne sera jamais admis comme pénitent.”

[Cette remarque lui fit une terrible impression.] Il s'en alla dans les montagnes et les collines. Il dit : “Montagnes et collines, demandez la clémence à mon sujet.” Elles répondirent : “Avant que nous demandions la clémence pour toi, nous ferions mieux de demander la clémence pour nous. De fait, il est écrit (Isaïe 54:10) : 'Que les montagnes chancellent, que les collines s'ébranlent.'”
a
Il dit : “Le Ciel et la Terre, demandez la clémence à mon sujet.” Ils répondirent : “Avant que nous demandions la clémence pour toi, nous ferions mieux de demander la clémence pour nous. De fait, il est écrit (ibid. 51:6) : 'Car les Cieux s'évanouissent comme la fumée, la Terre s'en va comme un vêtement usé.'”

Il dit : “Le Soleil et la Lune, demandez la clémence à mon sujet.” Ils répondirent : “Avant que nous la demandions pour toi, nous ferions mieux de la demander pour nous. De fait, il est écrit (ibid. 24:23) : 'Et la lune sera couverte de honte, le soleil de confusion.'” Il dit : “Planètes et Étoiles, demandez la clémence à mon sujet.” Ils répondirent : “Avant que nous la demandions pour toi, nous ferions mieux de la demander pour nous. De fait, il est écrit (ibid. 34:4) : 'Toute la milice céleste se dissoudra.'”

Il dit : “Je constate que tout dépend de moi !” Il mit sa tête entre ses genoux et pleura ; il soupira jusqu'à ce que son âme le quitte. Alors, une voix céleste se fit entendre et dit : “Rabbi Eliezer ben Durdaya est invité à la vie du Monde à venir !” ('Avoda Zara 17a)

À l'époque du deuxième Temple de Jérusalem – et de l'occupation romaine subséquente de la Terre d'Israël – les chercheurs spirituels continuèrent à se rendre dans les montagnes et les déserts. Un des exemples connus est celui des Esséniens qui formèrent une communauté spirituelle dans les régions montagneuses du désert, aux alentours de la Yam HaMéla'h (la Mer morte).

Se retirer dans ce style d'environnements – afin d'échapper à la corruption des villes – est mentionné dans les sources classiques juives des époques plus récentes. Selon les mots du Rambam (Maimonide) :

“L'attitude et le comportement des personnes sont influencés d'une façon naturelle par leurs amis, leurs compagnons, ainsi que par les habitudes de comportement qui prévalent dans les villes où ces personnes vivent. Par conséquent, chaque individu doit s'associer avec des Justes et trouver la compagnie des Sages afin d'apprendre de leur comportement. Dans tous les cas, il faut se tenir éloigné des mauvaises personnes afin de ne pas être influencé par elles...”

“Ainsi, si une personne se trouve dans une ville où le mauvais est la norme, elle doit aller vivre dans un endroit où les personnes qui y résident empruntent le chemin de la vertu. Si toutes les villes que cette personne connaît – ou a entendu parler – suivent un chemin qui n'est pas bon, comme cela est le cas à notre époque, ou si cette personne ne peut pas aller vivre dans un endroit différent, à cause de la guerre ou de la maladie, elle doit résider seule, en solitude, tel qu'il est écrit : 'Il s'assiéra solitaire en se résignant silencieusement' (Lamentations 3:28).”

“Si les personnes où elle vit sont tellement mauvaises et immorales – au point qu'elles ne laisseront pas cet individu en paix, à moins qu'il n'adopte leurs mauvaises voies – il devrait partir et vivre dans des grottes, dans les déserts et les terres incultes, plutôt que de suivre le chemin des mauvaises personnes, tel qu'il est écrit : 'Qui me transportera dans le désert, dans un refuge de voyageurs ?' (Jérémie 9:1).” (Michné Tora, Hilkhoth De'oth [Comportement et Attitude personnels] 6:1)

Dans son guide classique de dévotion – Messilath Yécharim : La voie du Juste – Rabbi Moché 'Haïm Luzzatto (le Ram'hal, 1707-46) traite de la façon d'atteindre un état de détachement du monde ordinaire matériel afin de poursuivre une vie de plus grande spiritualité :

“La plus importante de toutes les pratiques est celle d'hitbodédouth, de la solitude. De fait, lorsqu'une personne écarte les occupations relatives à la vie dans ce monde de ses yeux, elle enlève leur attraction de son cœur. Le Roi David parla avec éloge d'hitbodédouth lorsqu'il dit : 'Ah ! me dis-je, que n’ai-je des ailes comme la colombe ? Je m’envolerais pour établir [ailleurs] ma demeure. Oui, je fuirais au loin, je chercherais un asile dans le désert' (Psaumes 55:7-8).”

Nous savons que les prophètes Elijah et Elisha possédaient leurs propres places dans les montagnes afin d'y pratiquer leurs prières solitaires et leur méditation. Les premiers Sages et Saints suivirent le même chemin ; tous considéraient hitbodédouth comme la meilleure façon d'atteindre un état de détachement complet du monde ordinaire, afin que les vanités de leurs contemporains ne leur fassent pas gâcher leurs vies… (Messilath Yécharim, ch. 15)

Rabbi Israël Baal Shem Tov – le fondateur du mouvement 'hassidique (et un contemporain du Ram'hal) – passait de longues périodes d'isolement et de dévotion dans les Carpates. La prière solitaire et la dévotion faisaient partie des pratiques fondamentales dont le Baal Shem Tov s'était fait l'avocat. C'est à propos des mêmes pratiques que son arrière petit fils – Rabbi Na'hman de Breslev – a parlé maintes fois.

Un des sympathisants de Rabbi Na'hman raconte :

“Un jour d'été – tandis qu'il se trouvait dans la ville de Zlatipolia (sans doute l'année 1801) – le Rabbi pria très tôt. Il proposa que nous faisions une marche ensemble. Rapidement, nous nous retrouâmes hors de la ville, en train de marcher dans un pré couvert d'herbe. Le Rabbi dit : 'Si seulement vous pouviez entendre la chanson de cet herbe. Chaque brin d'herbe chante à tue-tête D-ieu, sans motif ultérieur et sans en attendre une quelconque récompense. C'est une chose merveilleuse d'entendre leur chanson et de servir D-ieu parmi eux.'”

“Nous marchâmes un peu plus loin et arrivâmes à une petite montagne, pas très loin de la ville. Je demandai pour quelle raison nous nous rendions dans cet endroit, et le Rabbi me dit le secret de cette montagne. Il me dit de le suivre. La montagne était creuse, comme une grotte. En étant à l'intérieur, personne ne pouvait nous voir de l'extérieur. Dès l'instant où nous rentrâmes, le Rabbi saisit d'un exemplaire de “Cha'aré Tsion” (un ouvrage relatif à la prière) de sa poche et il commença à lire.”

“Il lut l'ouvrage, page après page, en pleurant amèrement tout le temps. Je me tenais à ses côtés, en tenant le manteau du Rabbi. J'étais étonné de le voir pleurer autant. Nous restâmes dans cet endroit pendant très longtemps. Lorsque le Rabbi eut terminé, il me demanda de sortir afin de savoir quelle heure il était. Le jour était presque fini et le soleil avait commencé à se coucher. Le Rabbi avait passé un long après-midi d'été en pleurant pendant qu'il priait, sans marquer de pause.” (La sagesse de Rabbi Na'hman # 163)

Jusqu'à ce jour, les sympathisants de Rabbi Na'hman empruntent les chemins qui les amènent dans les collines et les montagnes d'Israël – et d'ailleurs – afin de se retrouver seuls avec D-ieu.

Ceux qui cherchent la vérité à propos du monde et à propos de D-ieu continueront de se prendre hors de la vanité et du mensonge des grandes villes afin de s'isoler parmi la pureté des environs naturel… jusqu'à ce que le jour vienne où ils pourront s'écrier :

“Qu'ils sont gracieux sur les montagnes les pieds du messager qui annonce la paix, du messager de bonnes nouvelles, qui annonce la délivrance, qui dit à Sion : 'Ton D-ieu est roi !'” (Isaïe 52:7)

lundi 23 mars 2009

La retraite idéale

De Rabbi Avraham ben HaRambam (Maïmonide), Sefer HaMaspiq (“Le Guide pour servir D-ieu”), p. 529-531. Même si les notes de bas de page ont été omises, nous avons ajouté les informations nécessaires entre parenthèses.
a
La retraite idéale
a
La forme la plus souhaitable de retraite consiste à prier à la fin de la nuit, après s'être levé à minuit, tel qu'il est dit : “Lève-toi, pousse des sanglots la nuit, au commencement des veilles. [Répands ton cœur comme de l'eau à la face du Seigneur] (Lamentations 2:19). Le Roi David a dit : “Mes yeux devancent les veilles [de la nuit], pour méditer Ta parole” (Psaumes 119:148). Il a également dit : “À minuit, je me lève pour Te rendre grâce, à cause de Tes équitables jugements” (v. 62).
a
La personne qui emprunte ce chemin pourrait ne pas dormir du tout pendant certaines nuits de sa retraite, selon ce qui est écrit : “Éclaire mes yeux, pour que je ne m’endorme pas…” (ibid. 13 2:4). Enfin, Assaf a dit : “Tu tiens mes paupières ouvertes, je suis troublé au point de ne pouvoir parler” (ibid. 77:5).

Les membres du soufisme pratiquent la retraite dans des endroits sombres et en y restant jusqu'au moment où la partie sensible de l'âme devient diminuée, au point de ne plus pouvoir percevoir la lumière. Ceci nécessite une forte lumière spirituelle afin d'unir l'âme pour qu'elle ne soit pas perturbée par l'obscurité extérieure.
a
Selon Rabbi Avraham Ha'Hassid, ce comportement – s'isoler dans le noir – est mentionné dans le verset : “Qui, parmi vous, révère l'Éternel, est attentif à la voix de son serviteur ? Dût-il marcher dans les ténèbres, ne voir luire aucune lumière, qu'il se repose sur le Nom du Seigneur, qu'il s'abandonne à son Dieu !” (Isaïe 50:10). Cependant, nous avons tiré de ce verset le concept que nous avons expliqué dans la première préface de cet ouvrage.

Les grands Sages avaient l'habitude de se bénir mutuellement en disant : “Puisse D-ieu te permettre de sentir la compagnie en solitude et la solitude dans la foule” (cf. 'Hovoth HaLevavoyh, Cha'ar HaBita'hon, ch. 7 et Cha’ar 'Ahavath Hachem, ch. 3).
a
David a décrit sa proximité avec D-ieu lorsqu'il se retirait dans l'obscurité de la nuit et dans les déserts ou les terres en friche : “Dussé-je suivre la sombre vallée de la mort, je ne craindrais aucun mal, car Tu serais avec moi ; Ton soutien et Ton appui seraient ma consolation” (Psaumes 23:4). Cette méthode représente le stage le plus élevé et permet la Rencontre [avec D-ieu]. La retraite en extérieur fait partie du voyage, tandis que la retraite intérieure commence comme un voyage, mais finit comme la destination. “La dernière est égale à tout le reste.”

Le Maître de prière

Le Maître de prière
a
Il était une fois, un Maître de prière. Il était constamment en train de prier, de chanter et de louer D-ieu. Il habitait à l'extérieur des villes. Il avait l'habitude de se rendre en ville et d'approcher les personnes qu'il y rencontrait ; le plus souvent, il s'agissait de personnes d'un statut social peu élevé tels que les pauvres. Avec ces personnes, il engageait des conversations à cœur ouvert à propos de la raison de l'existence du monde. Il leur disait qu'en vérité, il n'existait qu'un seul objectif dans la vie : servir D-ieu, tous les jours de notre vie et consacrer son temps à prier D-ieu, à Le chanter et à Le louer.

Lorsqu'il parlait à une personne, il utilisait des paroles pour l'encourager et la motiver. Il agissait de la sorte jusqu'au moment où ses paroles commençaient à entrer dans l'esprit de son interlocuteur. Il poursuivait ses efforts jusqu'au moment où cette personne désirait se joindre à lui. Lorsque cela arrivait – et sans perdre de temps – il la prenait et la menait au lieu où il résidait, à l'extérieur des villes.

Ainsi que nous l'avons dit précédemment, ce Maître de prière avait choisi pour lui-même un endroit loin de la ville. À cet endroit, se trouvait une rivière, ainsi que des arbres fruitiers. Ce sont de ces fruits qu'ils mangeaient. D'autre part, il ne se sentait pas particulièrement concerné au sujet des vêtements.

[Le Maître de prière] avait l'habitude de se rendre dans les villes et de persuader les personnes qu'il y rencontrait de servir D-ieu, de l'imiter et de prier. Il prenait chaque personne qui désirait se joindre à lui et il la menait au lieu où il résidait, à l'extérieur des villes. À cet endroit, tous étaient occupés seulement à prier, à chanter et à louer D-ieu. Tous faisaient également toutes sortes de confessions, de jeûnes, de mortifications et de repentance. Il leur donnait des livres dans lesquels il était question de prières, de chansons, de louanges et de confessions. Tous étudiaient ces livres, tout le temps.

Tout cela continua jusqu'au moment où il trouva parmi ces personnes qu'il avait amenées là-bas, certaines qui pouvaient rapprocher d'autres individus à servir D-ieu. À ces personnes, il donnait l'autorisation de se rendre dans les villes et de s'y engager à cette tâche : rapprocher les personnes de D-ieu.

Le Maître de prière était constamment occupé à cette activité. Toujours, il rapprochait les personnes qu'il trouvait dans les villes de la façon que nous avons décrite ci-dessus.

Après un certain temps, son activité fit impression dans le monde et elle commença à être connue. Les uns après les autres, des individus disparaissaient du pays et personne ne savait où ils allaient. Sans prévenir, quelqu'un perdait son fils – ou un autre membre de sa famille – sans être capable de dire où il se trouvait maintenant. Cependant, on finit pas apprendre que les personnes qui disparaissaient se trouvaient avec le Maître de prière et qu'il agissait en les persuadant à servir D-ieu.

Malgré de nombreuses tentatives, il s'avéra impossible de le capturer : personne ne pouvait le reconnaître ! Celui-ci se comportait avec beaucoup d'intelligence : il changeait et modifiait constamment son aspect extérieur. Un certain jour, il apparaissait sous les traits d'une personne pauvre ; un autre jour, il revêtait les habits d'un marchand. Chaque fois, il jouait le rôle d'une personne différente.

[Le Maître de prière] employait également cette aptitude au changement dans sa façon de parler aux personnes qu'il abordait dans les villes. Lorsqu'il constatait que ses paroles ne causaient pas d'effet particulier sur la personne à qui il parlait, il la trompait en cachant son intention ultérieure. Dans ce cas, les personnes qui l'écoutaient ne réalisaient absolument pas qu'il avait une intention particulière ou qu'il s'intéressait à un sujet spécifique : les rapprocher de D-ieu. Ces personnes n'avaient aucun moyen de comprendre sa motivation ultime.
a
Cependant, la vérité est que ce qui intéressait au plus haut point [le Maître de prière] lorsqu'il entrait en contact avec ces personnes était de les rapprocher de D-ieu.

Il employait ces subterfuges seulement dans les cas où il constatait que ses interlocuteurs ne le comprenaient pas et que ses paroles ne faisaient pas l'effet escompté. Alors, il se servait de cette tactique en déguisant son intention et en trompant les personnes à qui il parlait, jusqu'au moment où il leur était impossible de comprendre son intention réelle, qu'il était occupé à les rapprocher de D-ieu.

En fin de compte, tout ce qu'il faisait finit par faire son impression et être connu dans le monde. C'est pour cela qu'on essaya de le surveiller et de le capturer… mais sans succès, tel que nous l'avons déjà dit.
a
Le Maître de prière vivait – comme nous l'avons déjà mentionné – à l'extérieur des villes, avec les personnes qui l'entouraient. Tous étaient occupés seulement de la façon que nous avons précédemment décrite : par la prière, par des chansons, par des louanges faites à D-ieu, par des confessions, par des jeûnes, par des mortifications et par le repentir.

Le Maître de prière était également capable de fournir [aux personnes qui étaient avec lui] tout ce dont elles avaient besoin. Ainsi, s'il arrivait au Maître de prière de comprendre qu'une de ses personnes avait besoin – selon elle – de vêtements en or dans le but de servir D-ieu, il les lui procurait. D'autre part, l'inverse pouvait se produire. À l'occasion, le Maître de prière rapprochait de lui une personne riche et l'amenait à quitter les villes. S'il comprenait que cette personne riche avait besoin de porter des vêtements déchirés et sales, il lui disait de le faire.

De fait, il fournissait à chaque personne de son entourage ce dont elle avait besoin, selon ce qu'il comprenait. Pour toutes ces personnes qu'il rapprochait de D-ieu, les jeûnes et les mortifications étaient bien plus précieux que tous les plaisirs de ce monde. Elles ressentaient plus de plaisir des mortifications ou des jeûnes que de tous les plaisirs de ce monde.
a
(…)
a
Commentaire :

De Rabbi Aryeh Kaplan. Extrait traduit de l'anglais du livre “Rabbi Nachman’s Stories” (Breslov Research Institute), pp. 278-283.

L'histoire du Maître de prière fut racontée le samedi soir, à la fin de Roch 'Hodech Chevat 5570 (6 janvier 1810) ('Hayé Moharan 15c, #59).

Rabbi Yossef – le 'hazan (personne qui dirige les offices religieux) de Breslev – se trouvait en compagnie de Rabbi Na'hman, avec un certain nombre d'autres sympathisants. Le 'hazan portait un caftan déchiré et Rabbi Na'hman lui dit : “Vous êtes le 'hazan par l'intermédiaire duquel tout arrive. Pour quelle raison n'avez-vous pas un caftan décent ?” Ensuite, il commença : “Il était une fois, un Maître de prière (Ba'al Tefila)…”

Il raconta toute l'histoire cette nuit-là. Au début, les personnes présentes pensaient qu'il racontait une véritable anecdote ; elles ne réalisèrent pas qu'il racontait une histoire. Cependant, au fur et à mesure que l'histoire était révélée, elles se rendirent compte qu'il racontait une des histoires “des temps anciens” ('Hayé Moharan 16a #3 ; consulter Tovoth Zikhronoth, p.25).

Durant cet hiver, Rabbi Nathan se trouvait dans la ville de Berdichev (Ukraine) afin d'y collecter une dette du beau-frère de Rabbi Na'hman (Yémé Moharnat 27b). Lorsqu'il revint de Berdichev – après la fête de 'HanoukaRabbi Na'hman dit : “Je connais une histoire qui fut racontée avant l'époque du premier Temple [de Jérusalem] et c'est seulement le prophète qui raconta l'histoire et moi-même qui connaissons son secret.”
a
Peu de temps après, il raconta l'histoire du “Maître de prière.” Cependant, il dit qu'il ne s'agissait pas de l'histoire à laquelle il avait fait référence (Si'hoth HaRan 198). Pendant cet hiver, Rabbi Na'hman raconta trois histoires : “Les enfants échangés”, “Le Maître de prière” et “Les sept mendiants” (Yémé Moharnat 30b).

Rabbi Na'hman lui-même a dit que cette histoire se rapporte au chapitre 31 du livre d'Isaïe (fin de l'histoire).

Il y a dix personnages dans l'histoire, associés au dix Séfiroth (fin de l'histoire), ainsi qu'aux Dix Commandements (Parpara'oth LeChokhma à propos du Mekhilta, Yitro). Les dix personnages représentent également les dix personnes d'un minyan qui est dirigé par le Ba'al Tefila (Liqouté Halakhoth, Tefila, 4:1).

Il est également possible que les dix personnages de l'histoire correspondent aux dix hommes du cercle de Rabbi Chim'on Bar Yo'haï (Idra). On raconte également que le Arizal possédait un cercle équivalent de dix hommes (Vayaqek Moché, Introduction). Nous verrons que Rabbi Na'hman lui-même s'identifiait avec certains personnages de cette histoire.

Maître de prière. Ba'al Tefila ; en hébreu, il s'agit d'une expression qui est le plus souvent utilisée afin d'indiquer un 'hazan, la personne qui dirige les offices religieux. Même s'il possédait de nombreuses autres qualités – et qu'il était un grand saint – il est appelé le Maître de prière, ou la personne qui dirige la prière (Liqouté 'Etsoth, Tefila 24). Cela s'explique par le fait que la prière est la principale rectification de tous les attributs qui sont tombés (Liqouté Halakhoth, Tefila 4:12).
a
Grâce à la prière, il est possible d'atteindre les niveaux les plus élevés et de réaliser tous ses désirs (Liqouté Moharan Tinyana 111). Ainsi, le Ba'al Tefila est le premier personnage introduit dans le le livre (fin de l'histoire) et le leader du groupe des dix du roi dans la rectification (Liqouté Halakhoth, Tefila 4:1).

Le Ba'al Tefila est perçu comme le paradigme du Tsadiq, le Juste ou le Saint (Liqouté 'Etsoth, Tokhachah 8). D'une certaine façon, il est modelé d'après le Baal Shem Tov, ou Rabbi Na'hman lui-même.

Considérés sous un aspect plus profond, tous les personnages de l'histoire correspondent au Sefiroth qui représentent différents aspects grâce auxquels nous pouvons comprendre D-ieu. Selon le Talmud, D-ieu Lui-même prie (Berakhoth 7a). Également, au début de la Création – après le tohu bohu qui correspond au bris des récipients – D-ieu dit : “Que la lumière soit !” (Genèse 1:3) ; ceci peut être considéré comme la première prière. Ainsi, D-ieu Lui-même peut être perçu comme le Maître de prière (Chokhmah U'Tevunah 10).

Il est dit du Maître de prière qu'il correspond au dernier des Dix Commandements – “Ne convoite pas” (Exode 20:14) – qui, selon le Zohar, inclut tous les autres Commandements (Zohar Chadash 44c ; Parpara’oth LeChokhmah, Mekhilta, Yitro).

Parmi les Sefiroth, le Maître de prière est probablement associé à celle de Malkhouth. De fait, le Maître de prière “passait à travers les places” de tous les personnages dans sa descente, tandis que les autres ne passent pas à travers sa place. Le plus souvent, Malkhouth est personnifiée par le Roi David ; en réalité, il est possible de dire que le Roi David était le paradigme du Maître de prière.

à l'extérieur des villes. Avant le tiqoun, les lieux habités sont loin du véritable but. C'est pour cela que dans les prières du matin, nous disons : “Toutes leurs actions sont confusion.”

D'un point de vue conceptuel, le Maître de prières était également loin de la civilisation. Il ne se sentait pas concerné par ce que les personnes font. Pour lui, jeûner et prier représentaient les plus grands plaisirs, ce qui est l'opposé de ce que pensent les gens ordinaires.

Ceci nous apprend que si une personne désire réellement servir D-ieu – au plus haut niveau – elle doit se distancer des autres personnes. Si elle ne peut pas réaliser cela d'une façon physique, elle doit le faire mentalement. Ceci correspond au concept de hitbodédouth – la prière isolée – qui est un aspect fondamental de l'enseignement de Rabbi Na'hman.

En fait, nous constatons que le grand ouragan avait transformé le désert en lieux où vivaient les personnes et les lieux où vivaient les personnes en désert. Par conséquent, en restant dans les déserts, le Ba'al Tefila se trouvait dans ce qui avait été un lieu habité avant la période de confusion (Rimsé Ma'assioth).

Ceci nous apprend une leçon générale : un Tsadiq qui désire rapprocher des personnes de D-ieu doit rester éloigné des lieux habités. S'il ne peut pas faire cela d'une façon physique, il doit le faire conceptuellement (Liqouté 'Etsoth II, Tsadiq 80).

D'une façon générale, il existe un débat afin de savoir s'il est préférable de rejeter le monde ou d'essayer de l'élever. Selon le Ba'al Tefila, la meilleure chose à faire consistait – à cette époque – à rejeter le monde. C'est peut être le même débat qui exista entre Caïn et Abel. Après que D-ieu ait maudit la terre (Genèse 3:17), Abel se sépara du monde en devenant berger (Genèse 4:2, Rachi, ad. loc.). D'autre part, Caïn devint fermier et essaya d'apporter un remède à la malédiction. Pendant les époques de grande agitation, il se peut que l'approche de Caïn ne soit pas couronnée de succès (Oneg Chabath, p. 40).

Dans la mesure où le monde a emprunté le chemin des erreurs – et chaque terre qui possède des habitants suit une erreur spécifique – le Maître de prière se tenait éloigné des régions habitées. Il semble également que le groupe de personnes qui choisit la prière comme objectif (tel qu'il est raconté plus loin dans l'histoire) ne résidait pas à un endroit particulier. Dans le cas de tous les autres groupes, l'histoire nous dit qu'ils résidaient à un endroit spécifique, ce qui n'est pas le cas de ce groupe. Plus loin dans l'histoire, nous verrons également que ce groupe voyageait plutôt que de résider à une place définie.

de se rendre en ville. Même si le Tsadiq doit rester éloigné de la façon d'agir des gens ordinaires, il existe certaines occasions où il doit se comporter comme une personne ordinaire afin de rapprocher les autres de D-ieu. Sous cet aspect, il “se rend en ville” (Liqouté 'Etsoth II, Tsadiq, 80).

les pauvres. Il est préférable de rapprocher de D-ieu les personnes importantes et intelligentes car ces personnes possèdent des âmes plus grandes que les autres. De plus, lorsque des personnes importantes sont intéressées à quelque chose, elles entraînent dans leurs traces les autres personnes, moins importantes. Cependant, le Satan rend cette tâche très difficile ; c'est la raison pour laquelle le Tsadiq doit commencer à travailler avec la masse des gens modestes (Liqouté 'Etsoth, Tokhachah 7).

la raison de l'existence du monde. Comme nous verrons plus loin, les différents groupes de personnes dans le monde avaient choisi pour eux-mêmes toutes sortes de raison de vivre fausses et déformées.

qu'ils mangeaient. Ainsi, ils n'étaient pas particulièrement concernés avec ce qu'ils mangeaient et buvaient ; conséquemment, ils n'avaient pas besoin d'argent pour se procurer leurs besoins (cf. Rimsé Ma'assioth). En un certain sens, ils étaient comme Rabbi Chim'on bar Yo'haï – qui vivait dans une grotte – dont les besoins étaient comblés grâce à une source et un caroubier (Chabath 33b). Précédemment, nous avons noté que le Ba'al Tefila aussi ressemble à Rabbi Chim'on bar Yo'haï car il était le leader d'un groupe de dix personnes.

vêtements. Rabbi Na'hman ajouta cette remarque à cause du caftan du 'hazan (personne qui dirige les offices religieux) breslev qui était déchiré, ce qui ne semblait pas concerner outre mesure ce 'hazan ('Hayé Moharan 16a #3).

Rabbi Na'hman avait l'habitude d'enseigner que le désir pour les beaux vêtements peut mener une personne à pécher (Si'hoth Haran 100). De plus, l'avidité pour la richesse – qui est le trait le plus difficile à rectifier (comme nous verrons plus loin dans l'histoire) – peut être rectifié en n'étant pas particulièrement concerné par les vêtements (Liqouté Halakhoth, Guénéva 2:9 ; Rimzé Ma'assioth).

confessions. En confessant leurs péchés à D-ieu – ce qui est la première étape du repentir – en jeûnant et en faisant des mortifications. Tout cela était également utilisé par les kabbalistes dans le but de se repentir et de se purifier.

livres. Le Ba'al Tefila lui-même avait écrit un nombre important de ces livres de prière, comme nous verrons plus loin dans l'histoire (cf. Liqouté 'Etsoth II, Tefila 24).

à ces personnes, il donnait l'autorisation. Après que les disciples du Tsadiq aient suivi son régime de prière et autres techniques, il peut les laisser se mêler avec d'autres personnes afin de les amener plus près de D-ieu (Liqouté 'Etsoth II, Tokhachah 7).

disparaissaient des villes. Ceci concerne hitbodédouth (la prière isolée), qui représente l'unique façon d'atteindre l'objectif final (Rimsé Ma'assioth). Par conséquent, le Maître de prière insistait pour que la prière ait lieu dans des endroits isolés (consulter le Liqouté Moharan 52 en ce qui concerne hitbodédouth faite loin des villes). De plus, lorsqu'ils se trouvent parmi d'autres personnes, ils sont sujets aux influences hostiles et ils ne peuvent pas atteindre leur potentiel complet (Liqouté 'Etsoth II, Tokhacha 7).

de capturer [le Maître de prière]. Parce que ce monde est dans un état de confusion, les personnes essayèrent de capturer le Ba'al Tefila, plutôt que de l'imiter. Lorsqu'une personne est proche de l'objectif final – et qu'elle essaie d'amener les autres à servir D-ieu – les forces du mal essaient de la faire prisonnière. Cependant, chaque personne doit constamment s'efforcer d'amener les autres à se rapprocher de D-ieu, même si cela signifie que d'autres essayeront de la capturer (Rimsé Ma'assioth).

beaucoup d'intelligence. Ou, littéralement : “se comportait avec sagesse.” Dans la mesure où le Satan essaie de capturer le Tsadiq qui tente de rapprocher les autres de D-ieu, il doit agir avec une grande sagesse (Rimsé Ma'assioth).

il changeait et modifiait constamment son aspect extérieur. Le Tsadiq qui désire rapprocher les autres de D-ieu doit faire preuve d'intelligence et, à l'occasion, utiliser des déguisements. Si les personnes le reconnaissent, elles pourraient ne pas l'écouter du tout et dans ce cas, elles pourraient même essayer de lui faire mal (Liqouté 'Etsoth II, Tokhachah 8).